Une charpente en lamellé-collé, en métal à la Eiffel ou en béton aurait été peut-être plus moderne mais le chêne a été préféré afin de refaire la charpente du XIIIe siècle. Problème ; selon l’association Restaurons Notre-Dame, le bois ne pourrait sécher qu’un an afin de terminer les travaux avant 2024 et les Jeux olympiques. Le double serait conseillé pour un séchage à cœur sans déformations ultérieures… Les travaux d’ajustement pourraient être nécessaires pendant des années, des siècles, peut-être ? En fait, inutile de s’inquiéter selon l’association officielle Rebâtir Notre-Dame… Où en sont les travaux ?
Un chantier éminemment politique. On en entend de belles. On hésite à s’exprimer. C’est même interdit pour certains… Comme l’ancienne toiture, une chape de plomb recouvre les travaux de la réfection de la toiture de Notre-Dame. Pour avoir de l’information, mieux vaut mettre un cierge à Sainte-Cécile, patronne des journalistes (dont la cathédrale d’Albi, de style gothique méridional, demeure l’une des plus belles de France). Une solution plus sûre était possible, moins coûteuse et plus rapide à mettre en œuvre que celle d’une charpente en bois sous une couverture en plomb – les ingrédients parfaits pour un incendie, surtout avec le réchauffement climatique – selon l’architecte Paul Chemetov dans Le Monde du 29/08/2020, prenant en exemple la cathédrale de Nantes qui a brulé mais dont la charpente en béton a résisté. Le lamellé-collé aurait été une solution plus moderne en termes techniques mais la solution a été de refaire à l’identique.
Dépose du grand orgue de Notre-Dame.
Calendrier fixé
Selon un communiqué en date d’octobre 2021, l’association Rebâtir Notre-Dame indique que les travaux de sécurisation et de consolidation, débutés dès le 16 avril 2019, ont été menés à bonne fin conformément au calendrier fixé. La cathédrale est désormais entièrement sécurisée. Ces travaux ont permis la réalisation et le succès d’opérations complexes et parfois inédites, dont le démontage de l’échafaudage sinistré, la dépose du grand orgue, des chantiers-tests de nettoyage dans deux chapelles, la pose de cintres en bois sous les arcs-boutants ou encore le déblaiement et le tri des vestiges et la sécurisation de la croisée du transept. Pour la pose de demi-cintres en bois sous les voûtes des six travées les plus fragilisées, l’opération, débutée en avril 2021, a nécessité la réalisation d’une soixantaine de cintres en bois sur-mesure, pesant chacun de 1 à 1,6 tonne, pour 6 mètres de long. Autre exploit : la mise hors d’eau totale de la cathédrale avec la pose d’un dispositif coulissant, appelé « parapluie », au-dessus de la nef, du chœur et de la croisée du transept, et d’une couverture provisoire fixe sur les transepts. Afin de sécuriser le calendrier des travaux de restauration, des opérations ont d’ores et déjà été menées : les 1 000 chênes nécessaires à la restitution de la flèche, du transept et des travées adjacentes ont été sélectionnés et récoltés en 2021.
Épilogue : tout va bien
Joint au téléphone, Jérémie Patrier-Leitus, directeur de la communication, du mécénat et de la programmation culturelle de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame de Paris, nous rassure sur l’affaire du séchage du chêne et indique qu’il y aura en fait deux opérations : 1 000 chênes pour la restauration de la flèche, du transept et des travées adjacentes, devant présenter moins de 30 % d’humidité – bois qui devra être ressuyé, c’est-à-dire qu’il sera séché à l’air libre pendant 12-18 mois ; et 1 000 autres chênes pour la « forêt » du grand comble, en bois vert, qui n’auront pas besoin de sécher… Tout s’arrange
par Pierre-Olivier Chanez