À Paris, l’art de rénover du « neuf »

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Quoi de plus logique que de rénover une toiture ancienne? Mais quoi de plus paradoxal que de devoir rénover une toiture neuve! Les copropriétaires de cet immeuble haussmannien du nord de paris n’ont pourtant pas eu d’autre choix que de faire refaire entièrement leur toiture un an après une première rénovation, ratée en tout point. Reportage.

C ’est à un drôle de défi que s’est frottée l’entreprise Jean-Lucy. Cette structure familiale spécialisée en couverture et étanchéité a pourtant l’habitude des chantiers que l’on pourrait qualifier d’«originaux»: elle exerce son activité uniquement dans Paris intra-muros, avec tout ce que cela comporte de difficultés et de désagréments potentiels. Des sommets de complexité ont été néanmoins atteints avec cet immeuble haussmannien du XVIIIe arrondissement. En termes d’accessibilité tout d’abord, la toiture étant difficilement accessible et les espaces de stockage des matériaux – sur le toit ou dans la rue – particulièrement restreints. Mais aussi compte tenu de la nature déconcertante de cette commande: la réfection complète d’une toiture… neuve!

Un véritable musée des horreurs

«Une première rénovation avait eu lieu en 2021, mais elle était complètement ratée, résume simplement C … au contraire de la partie est, encore en chantier. Stéphane Lucy, dirigeant de la société fondée par son grand-père voici près de quatre-vingts ans. Les dégâts se sont rapidement multipliés, et suite aux tractations avec les assurances, il a été décidé de tout reprendre de A à Z.» Si le chef d’entreprise préfère ne pas trop accabler son prédécesseur et taire son nom, la liste des malfaçons est éloquente: pas de dépose des anciennes voliges, absence de lame d’air, contre-lattage inexistant, oublis de ventilation et de faîtage, mélange «ridicule» d’isolants… Le cocktail parfait de tout ce qu’il faut éviter.

Rien à sauver

Le souci dans ce genre de situation, c’est qu’il est encore plus long et complexe de refaire entièrement un toit neuf. «On n’a rien pu sauver, se remémore Stéphane Lucy, pas même le zinc.» Les équipes ont donc dû tout déposer au préalable, en découvrant au passage quelques bizarreries à faire pâlir tous les centres de formation de France et de Navarre: «Par exemple, on a trouvé entre les chevrons un mélange d’isolants en polystyrène et en polyuréthane, ou encore de la laine de verre fixée par l’intérieur à l’ancienne volige. Il a fallu tout arracher.» Après la dépose, il a donc été nécessaire de remettre en œuvre les 200 m2 à l’identique (ou presque!) – contraintes patrimoniales obligent compte tenu de la proximité de la mairie, classée, du XVIIIe arrondissement.

Isolant mince…

Le choix de l’isolant s’est rapidement porté sur les solutions du fabricant français Actis, avec lequel l’entreprise parisienne travaille depuis une dizaine d’années, et plus particulièrement sur le complexe Triso-Toiture, qui se compose des deux éléments Triso-Hybrid’ et Boost’R Hybrid’ pour assurer à la fois l’isolation thermique, l’isolation phonique et l’étanchéité à l’eau et à l’air. «La première partie a été posée sans volige en toiture chaude sur les chevrons. Un premier contre-lattage a fait office de lame d’air non ventilée avant l’application de la seconde partie de l’isolant en toiture froide, puis d’un deuxième contre-lattage pour la lame d’air ventilée», détaille le dirigeant. Enfin, le zinc naturel fourni par Rheinzink a été mis en œuvre et plié sur place à l’aide – par manque de place – d’une seule plieuse. Des entrées d’air pourvues de grilles situées à l’égout et au niveau du faîtage permettent de ventiler la lame d’air.

… pour chantier étroit

Vu la configuration du chantier, ce sont non seulement les performances thermiques des produits, mais aussi leur facilité de manutention et de pose qui ont séduit l’équipe. «Nous n’avons jamais travaillé aussi à l’étroit et avec aussi peu de place», confirme Stéphane Lucy. Ce qui n’a pas empêché de réaliser cette toiture dans les règles de l’art, malgré les nombreux points singuliers et les pentes raides à brisis de 43° et terrassons de 27°, obligeant à travailler à l’échelle. «J’ai l’impression de passer mon CAP», s’amuse Lionel, le chef de chantier, perché sur ladite échelle. Défi relevé!

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